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Les femmes dans le sport automobile : Sylvie Thebault, le 2CV Cross à cœur !

article La passion a toujours raison

Dans le cadre de notre mois de la femme dans le monde automobile, nous avons rencontré une authentique passionnée, Sylvie Thebault, membre d'une écurie de 2CV Cross.

Vous pouvez nous parler de votre activité dans le monde automobile ?

Cela fait 26 ans que je suis dans le 2CV Cross ! Je m'occupe de toute la logistique de l'écurie avec la préparation auto, carrosserie, démontage et remontage des pièces. Je cherche les pièces détachées sur le web, mais surtout à travers mon réseau. Mon mari s'occupe principalement de la partie moteur. Il est tourneur fraiseur et dispose d'un équipement et du savoir-faire pour optimiser et bichonner nos moteurs. On a accueilli un jeune pilote issu du rallye et du motocross qui s'est tourné vers une discipline qui demande beaucoup moins de budgets. Je joue un peu les coachs et le rôle de préparateur. C'est un milieu où il faut savoir toucher à tout, être exigeant, curieux et créatif tout en gardant en tête que c'est un plaisir et un moment de partage. Depuis 26 ans, on apprend beaucoup et peu à peu, on s'est lancé dans la recherche au niveau aérodynamisme. Finalement, c'est une passion dévorante qui me prend beaucoup de temps. Et quand je ne fais pas cela, je répare des 2CV, et, en ce moment, je rénove une 306 S16 phase une avec l'idée de faire du roulage sur circuit le week-end. Je conduis les 2CV de l'écurie, mais plutôt pour tester et trouver les meilleurs réglages pour la course.

C'est quoi le 2CV Cross ?

Cette discipline est née en 1972 dans une carrière située au Pêchereau dans l'Indre. Tout a commencé avec un groupe d'amis qui a décidé de faire des courses de Diane. Petit à petit, ils ont optimisé la 2CV en enlevant les portes, en rajoutant des arceaux. C'est devenu assez populaire pour que Citroën Sport prenne en main la discipline pour l'organiser avec un règlement technique comme dans les rallyes et une homologation des circuits. La discipline est inscrite à la Coupe de France de la Fédération Française du Sport Automobile. C'est un championnat amateur qui garde des valeurs familiales. La transmission fait vivre notre sport puisque beaucoup de familles partagent cette passion, et, on voit les enfants devenir pilotes ou mécaniciens. Par contre, il y a un vrai goût de la performance, sans que la compétition vienne corrompre cet esprit de famille. Dans, les années 70, l'idée a fait des petits parce qu'on trouve cette compétition en Belgique, en Angleterre et aux Pays-Bas. La discipline a dépassé le rallye avec une épreuve d'endurance lors des 24h de Spa-Francorchamps. Aujourd'hui, le 2CV cross est centralisé sur la région Centre avec quelques épreuves dans toute la France. On peut dire qu'on reste dans le berceau de naissance du 2CV Cross. On compte 150 pilotes, mais ils ne font pas toutes les courses. Certains vont se déplacer uniquement pour celle qui est près de chez eux et d'autres vont courir sur chaque course. Là encore, on voit le côté amateur et l'envie de partager la passion avec tous ceux qui en ont envie sans avoir des moyens extraordinaires.

une femme dans le 2CV Cross

D'où vous vient cette passion ?

Vous allez rigoler, parce que c'est un peu cliché, mais toute petite, je préférais jouer aux petites voitures avec mon petit frère qu'à la dînette avec ma sœur ! Ado, j'ai rencontré mon mari qui était déjà passionné. On trafiquait les mobylettes ensemble. Et puis, on a rencontré des amis qui faisaient du stock-car et j'ai commencé à bricoler avec eux. Petit à petit, j'ai commencé à me passionner pour la mécanique et bien sûr à l'histoire de l'automobile. De fil en aiguille, on a commencé à réparer les voitures des copains. Depuis, on peut dire que c'est devenu une passion débordante !

Est-ce que le fait d'être une femme a été un frein?

Très honnêtement, non ! Déjà, je suis dans une discipline amateur, très familiale, les femmes sont nombreuses. Je ne dis pas que je n'ai pas eu quelques remarques quand je m'occupais de la voiture et qu'il fallait faire à manger, mais c'était de l'ordre de la taquinerie. Au club, on est tous bénévoles, alors chacun va tondre, repeindre, faire un peu de bricolage. Je suis plus de ce coté-là que du côté de la cuisine ou de la vaisselle. C'est vrai que j'ai tendance à apprendre toute seule. Ce n'est pas inné de se servir d'un pistolet à peinture ou d'une disqueuse. Je persévère, je m'accroche, j’apprends et je m'impose ! Après, j'avoue que lorsque je sors du milieu de la course, les gens sont plutôt étonnés de ma passion. Je ne peux pas dire que je vis pour cela, mais j'y pense très souvent et c'est une passion qui prend beaucoup de temps.

le 2Cv Cross : la competition automobile pour tous

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaite se lancer dans la sport automobile ?

Faut oser, faut s'accrocher, faut persévérer ! Évidemment, ce n'est pas du tout la même chose si on parle de compétitions amateurs ou professionnelles. C'est sûr que si on parle de Formule 1, on n'a jamais vu de femme pilote. En Rallye à part Michèle Mouton... Une femme qui va persévérer dans ce milieu-là aura sans doute à faire avec la jalousie. Pour réussir, elle devra aller au bout de ses objectifs et de ses ambitions parce qu'elle aura plus à prouver, mais d'un autre côté, elle sera libérée du regard des autres pour se concentrer sur sa passion. Un homme aura plus tendance à se demander ce qu'on pense de lui, à se soucier de son image et de son apparence. Si l'envie et la passion sont là, il faut foncer sans s'occuper de ce que peuvent penser les autres !

Pourquoi selon vous, on n'a pas de nouvelles Michèle Mouton depuis les années 80 ?

Je pense que c'est comme partout. Les femmes peuvent avoir des barrières psychologiques et des plafonds de verre inconscients. Je dis toujours qu'il faut oser, mais on ne peut pas nier que dans ce milieu, l'argent est le nerf de la guerre. Dans la course automobile de haut niveau, avant même le talent, il faut de l'argent. C'est extrêmement difficile de trouver des sponsors, même pour nous qui sommes simplement amateurs, alors pour une femme qui veut devenir pilote professionnel... Et puis, il faut aussi parler de la condition physique. Le profane ne se rend pas compte, mais tenir un volant d'une 2CV Cross sur 20 Tours, ça demande une grande résistance alors sur un rallye ou une course de F1... Tout cela fait que ces disciplines automobiles n'attirent pas les femmes. On peut aller plus loin et parler du monde de l'automobile en général. On trouve peu de femmes mécaniciennes par exemple !

 

Publié le 25 Mars 2021