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Taxe Trump : l'interdépendance dans le monde automobile

article L'automobile dans le village mondial

Entre les menaces et la réalité se cachaient un espoir qui aujourd'hui s'est envolé. Donald Trump et sa clique ont lancé les hostilités avec une vague de taxes sur les pays importateurs.  A l'heure où nous écrivons ces lignes, la sauce est encore montée entre les US et la Chine, qui semblent entrer dans une valse à qui perd gagne. Les Chinois ont décidé de répondre à Trump, et à ses 34 % de taxes, en taxant d'une façon identique les produits américains. Le président américain a relevé le gant avec une taxe de 145 % qui vient d'être suivie par la Chine et une taxe de 125 % ! Ambiance. En prenant un peu de recul, en dépolitisant l'analyse, on peut se dire qu'il est légitime qu'un pays, quel qu'il soit puisse protéger son économie intérieure. Rappelons que l'année dernière, l'Union européenne a mise en place une taxe pouvant atteindre 35 % sur les voitures produites en Chine. En réalité, ce n'est pas tant les taxes décrétées par l’administration Trump qui sont choquantes, mais la globalité et l'effet tsunami qu'elle engendre. Cette taxe permet de mettre en lumière la difficulté pour le consommateur de connaître la provenance de son véhicule et pour le législateur de savoir comment protéger son marché intérieur tout en étant dépendant de l'extérieur. Le monde de l'automobile est tout particulièrement touché par ce paradoxe.

Made in France pour l'automobile ?

Automobile : le made in France en question

Quand nous écrivons ici, qu'un constructeur est Allemand, Français, Américain ou Espagnol, nous simplifions la réalité et nous racontons une histoire qui n'a plus réellement cours. Lorsque vous allez chez un concessionnaire et que vous voyez un petit drapeau français, c'est censé indiquer que la voiture est produite en France, c'est-à-dire assemblée en France. C'est de l'emploi, des milliers d'emplois dans tout l'Hexagone que ce soit dans l'usine du constructeurs, chez les fournisseurs, les transporteurs, mais aussi, trivialement, pour le boulanger et le tabac du coin. Finalement, que la voiture soit japonaise, russe ou américaine, son lieu d'assemblage est finalement plus impactant pour l'économie que son lieu de naissance. Par contre,  les pièces peuvent venir de n'importe où dans le monde pour être assemblées dans l'usine : sur le site des douanes françaises, il est précisé les conditions pour utiliser le logo Made in France :

  • Tirer une part significative de sa valeur d'une ou plusieurs étapes de fabrication localisées en France
  • Avoir subi sa dernière transformation substantielle en France

Commenr savoir si une voiture est produite en France ?

Le label Origine France Garantie est bien plus précis : la voiture doit être constituée de 50 % de pièces faites en France et y être assemblée. Nous pouvons vous donner la liste car en 2024 seulement quatre modèles peuvent prétendre à ce label :

  • Renault 5 :  69 % de production en France
  • Renault 4 : 69 % de production en France
  • Renault Scenic E-Tech : 74 % de production en France
  • Toyota Yaris Cross :  75 % de production en France

Partir d'un squelette et monter des milliers de pièces est une transformation substantielle, mais parvenir à trouver et à produire des pièces sur le sol français est un défi tout comme pour la plupart des pays occidentaux qui souffrent aujourd'hui de la délocalisation massive. Les pièces détachées sont produites partout dans le monde dans une logique d'économie d'échelle et de baisse des coûts induites par la proximité des matières premières, notamment pour l'équipement technologique, mais aussi les bas salaires et les normes environnementales moindres. Les constructeurs américains comme GM ou Ford assemblent en majorité aux USA, mais leurs pièces viennent du reste du monde.

Piéces déctachées automobiles : la production mondiale

Les pièces détachées : le nœud gordien

Donald Trump exige que les usines d'assemblage des géants allemands et chinois, notamment, soient localisées aux US sans prendre en compte le fait de la problématique des pièces détachées. En résumé, même en relocalisant aux US, l'inflation due à la taxe pesant sur les pièces détachées sera galopante. Le président de Ford est monté aux créneaux en arguant que même si 80 % de ses véhicules étaient made in US, les pièces venaient en grand nombre du Mexique et du Canada : les taxes pénaliseront l'industrie automobile nationale plutôt que de la renforcer. En Europe, c'est exactement la même problématique qui a été mise en exergue par la pandémie : les délais pour être livrés de son véhicule neuf ont littéralement explosé. 

Pieces détachées : les constructeurs américains victime des taxes ?

Dans l'approche protectionniste, il « suffit » de rapatrier cette production. Sans même parler du temps nécessaire ; les spécialistes parlent de 5 à 10 ans pour construire une usine fonctionnelle et la rendre opérationnelle, il faut trouver le savoir-faire chez des fournisseurs locaux et la capacité de répondre aux besoins tout en étant capables d'une grande agilité. En réalité, il faudrait rattraper trente ans de mondialisation en un claquement de doigts, et cela, sans compter les réticences des pays comme la Chine. Ce dernier a su assimiler tout le savoir-faire occidental pour devenir lui-même le premier producteur de voitures électriques de la planète.

Taxe Trump sur l'automobile

Le monde de l'automobile : tout le monde est touché.

Le temps d'arriver au terme de cet article et nous apprenons que l'inénarrable Donald Trump vient de changer d'avis : pendant 90 jours toutes les taxes annoncées seront gelées. La taxe sur l'importation des produits manufacturés, des voitures et des pièces détachées restera à 10 %. L'exception est pour la Chine qui voit sa taxe maintenue. Si la bourse fait de sauts de joie, les entreprises restent méfiantes, car l'incertitude est aussi nuisible que les taxes... Le marché américain n'est pas le terrain de jeu des constructeurs français, mais au niveau des groupes la soupe est amère. Stellantis, c'est aussi Chrysler, Jeep et Dodge qui sont des marques historiques américaines fabriquées au Canada et au Mexique. On peut aussi penser à Fiat qui connaît un joli succès avec sa 500. Pour l'Union européenne, c'est 10 % de sa production qui part aux US. Les taxes vont également impacter des géants de la pièce détachée comme Valeo.

Publié le 11 Avril 2025