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Voitures électriques : et si la fête était finie ?

article Des années difficiles à venir ?

Les voitures électriques sont devenues un enjeu de la croissance de certains constructeurs, mais aussi un poste d'investissement très lourd. Pourtant, les chiffres des ventes sont record et les chiffres d'affaires commencent à faire oublier les années maigres qui ont suivi la pandémie : les constructeurs ont priorisé les modèles à forte valeur ajoutée et ont réussi le tour de force de vendre moins et de gagner plus. On pourrait dire que tous les feux sont au vert et que le monde est en train d’électrifier son parc à vitesse grand V.  Certains n'hésitent pas à s'en féliciter, tandis que d'autres préfèrent pondérer ses chiffres, comme le fait le PDG de Renault, nommé président d'Ampere en juin 2023, la filiale électrique et logiciel du groupe. Le succès des voitures électriques ou à zéro émission n'est pas un leurre, mais la croissance surprenante de ces derniers mois ne suffit pas à éclaircir un horizon qui pourrait bien être sombre si les constructeurs n'évoluent pas dans leur philosophie et dans l'appréhension d'un marché qui, malgré les volumes, reste inaccessible au plus grand nombre. Voyons quels sont les nuages qui viennent assombrir un marché qui semble pourtant rayonnant.

Des carnets de commandes loin d'être remplis...

Dans le marché automobile si la technologie répond au proverbe « aujourd’hui, c'est déjà demain »,  c'est aussi le cas en termes de business. Si les voitures électriques caracolent au niveau des ventes et grignotent comme des affamées des parts de marché aux voitures essence et diesel, les spécialistes craignent un trou d'air pour les années à venir. Il y aura toujours les Cassandre et les rabat-joie en économie pour venir tâcher de leur pessimisme les prévisions d'un futur heureux, mais ce qui ment à aucun entrepreneur, à aucun financier et à aucun banquier, ce sont les carnets de commandes. Ce sont des rumeurs, mais quand elles viennent de Mercedes, BMW ou Tesla, on aurait tendance à les prendre au sérieux, notamment quand il y a une corrélation de faits qui atteste de ces craintes.
2023 promet d'être une année record, même si les chiffres semblent se tasser dans ce dernier trimestre, la croissance reste solide et à deux chiffres : une progression de 66,2 % depuis juin 2022 ! Par contre, sur le parc mondial, les véhicules électriques représentent seulement 5,5 % des véhicules en circulation. Ce chiffre, on peut le voir comme le verre à moitié plein ou vide, un marché à conquérir ou un plafond de verre...  

La croissance des ventes des voitures électriques

Une croissance en volume, mais quelques anomalies : L'exemple Ford

En juillet dernier, bien avant la grève générale au US, Ford a présenté son bilan du deuxième trimestre. La première surprise, c'est que le géant américain n'a vendu que 34 000 modèles en 2023 cumulés à une perte de 1,8 milliard de dollars. Il faut pondérer, car ces chiffres colossaux ne sont pas loin d'être minimes quand on compare au chiffre d'affaires du groupe qui est de 136,3 milliards de dollars pour un bénéfice de 17,9 milliards de dollars en 2022. Le géant n'en est pas encore à lancer une cagnotte litchi. Sa branche « zéro émission » est déficitaire et des petits malins ont essayé de comparer les pertes et le nombre de véhicules vendus : Ford perd 32 000 dollars à chaque fois qu'il vend une voiture électrique. Si le chiffre est conséquent, il faut bien sûr prendre en compte l'investissement et la guerre des prix que Ford et Tesla se livrent sur le continent américain. On peut constater que les bons chiffres du marché actuel peuvent cacher des situations singulières.

Une conjoncture peu favorable

Les voitures électriques sont chères et beaucoup de constructeurs ont privilégié les SUV et les modèles premium.  Les automobilistes ont besoin des crédits à la consommation et, comme vous devez le savoir, leur coût ne fait qu'augmenter. Les voitures sont chères, les crédits sont chers et en plus les bonus sont de plus en plus segmentés. Les clients réfléchissent à deux fois avant d'acheter un véhicule zéro émission. Les guerres en Ukraine et en Israël ne font qu’accroître le sentiment d'incertitude, ce qui est souvent le vecteur d'un manque de confiance en l'avenir, ce qui se traduit par le report des gros achats. L'inflation et l'augmentation du prix de l'électricité viennent rajouter des freins.

les voitures électriques vers une période difficile ?

Une offre mal adaptée au marché ?

Cette idée vient des constructeurs, une sorte de remise en question de la course à l'autonomie. Rajoutez la guerre au SUV que les villes commencent à mener et vous avez une prise de conscience des constructeurs qui sont en train de changer leur vision de la voiture électrique de demain. Pour l'instant, nous sommes encore dans le « gros et lourd » et si Renault va sortir une voiture électrique à moins de 20 000 euros, Lotus vient de présenter son SUV Eletre qui, sur la balance, se situe entre 2 565 et 2 615 kg ! La problématique est technique : l'autonomie demande d'avoir des batteries de plus en plus importantes. Le poids augmente donc il faut encore plus de batteries, ce qui implique un prix élevé. C'est un cercle vicieux qui accouche d'un non-sens : les véhicules électriques trop lourd remettent en cause leur intérêt pour protéger l’environnement. Dans le même temps, le manque d'autonomie est un frein pour les acheteurs et les SUV sont plébiscités. C'est cette équation que les constructeurs vont devoir résoudre tout en cherchant à faire baisser les prix pour dégager les horizons et remplir les carnets de commandes.

Publié le 23 Novembre 2023