Le Français au volant, vous connaissez ? Le conducteur râleur, pressé, imprévisible et tellement individualiste qu'il en perd toute forme de civisme ? C'est l'image d’Épinal du conducteur français par opposition au bon conducteur, c'est-à-dire soi-même. L'image est tenace et il faut bien admettre que certaines études brossent l’automobile tricolore dans ce sens. C'est donc avec surprise que nous avons découvert l'étude menée par l’assureur Leocare, notre partenaire assurance pour le réseau MAA : l’automobiliste tricolore n’a rien du chauffard impénitent que l’imaginaire collectif aime à dépeindre. Il faut préciser que l'étude se base sur les chiffres des sinistres et pas sur une étude sociologique sur les incivilités, le rapport à la route et le sentiment que les automobilistes peuvent avoir au volant. Par ailleurs, on pourra aussi rendre justice à la jeunesse au volant. Cette étude permet d'avoir un regard neuf sur les conducteurs par les prismes des chiffres du terrain, sans doute pas de quoi brûler l'image vieillotte de l'automobiliste français, mais qui sait avec le temps...
Les Français, responsables au volant ?
Ils seraient même bons élèves ? Avec 7 à 8 sinistres pour cent contrats d’assurance automobile, la France se situe dans une fourchette moyenne, bien loin des clichés. Plus étonnant encore : 92 % des contrats ne génèrent aucun sinistre. C'est évidemment à pondérer parce que tous les sinistres ne sont pas déclarés par crainte d'une augmentation de la franchise ou parce que le sinistre n'est pas jugé assez important pour se lancer dans un processus administratif souvent redouté. Du côté des sinistres, on s’aperçoit qu'on est bien loin des résultats que l'on pourrait attendre notamment pour les jeunes et les seniors : c'est finalement un marché homogène sans gouffre entre les différentes classes d'âge. Rien que cela, c'est une bonne surprise.
Les assurés entre 18 et 30 ans
Tout d'abord, on s’aperçoit que les conducteurs de 17 ans n'entrent pas encore dans les statistiques. Le permis à 17 ans est encore récent et logiquement, ce n'est pas une année en plus qui chamboulera les chiffres : 8,36 pour 100 contrats, c'est un taux de sinistralité plus élevé que les autres classes d'âge, mais qui reste acceptable quand on pense à l'image que nous avons des jeunes au volant. Selon l’enquête, ils ont seulement sept années de conduite en moyenne.

C'est la classe d'âge qui est la plus touchée par la mort sur les routes, mais sans cette terrible mortalité, on constate que ce sont les petits incidents d'un jeune conducteur en apprentissage : les accrochages, des chocs sans gravité et les fameux bris de glace. Les jeunes automobilistes ne sont pas des inconscients, simplement des conducteurs responsables en devenir.... et en rodage. C'est bien de le souligner quand même, surtout que l'assureur à l’origine de l'étude précise qu'ils sont ceux qui coûtent le moins cher...
Les assurés entre 30 et 45 ans
Avec une quinzaine d’années de conduite derrière eux, ils roulent plus, mieux et dans des véhicules globalement plus récents. Le taux de sinistralité recule légèrement pour s’établir à 7,81 %. Pourtant, cette catégorie concentre 52 % de l’ensemble des sinistres. Un paradoxe ? Ils forment le groupe principal des usagers de la route et utilisent davantage leur voiture : travail, déplacements familiaux, trajets du quotidien. En multipliant les kilomètres et en étant plus nombreux, ils parviennent à une sinistralité relativement basse tout en se distinguant sur le nombre de sinistres.
Les assurés de 40 à 60 ans
C'est la classe de la fiabilité sur les routes. Avec vingt ans de pratique routière en moyenne, ils affichent le taux de sinistralité le plus bas : 7,19 %. C’est la génération de la conduite assidue mais sereine. Ils roulent beaucoup, souvent et depuis longtemps : ils bénéficient de l'expérience pour anticiper et éviter les situations dangereuses.
Les assurés au-delà de 60 ans
Cette catégorie est constituée de plusieurs profils : d'un côté, les actifs qui se dirigent vers la retraite et de l'autre, les jeunes retraités, puis les seniors et le grand âge. Intuitivement, on pourrait penser que le taux de sinistralité va monter en flèche ; il ne remonte que légèrement pour atteindre 7,26 % de sinistres. En général, ces derniers roulent moins souvent et sur des distances plus courtes

. La baisse de la vue, de la vigilance, mais aussi une utilisation moins intense, plus erratique de leur voiture peut engendrer une perte des bons réflexes et donc expliquer une sinistralité qui remonte très légèrement. On peut aussi se demander si aujourd'hui la catégorie « plus de 60 ans » a encore du sens, notamment en matière de conduite.
En définitive, l’étude balaie l’image poussiéreuse du chauffard pour révéler un automobiliste globalement fiable, quel que soit son âge. Les jeunes font quelques accrochages d’apprentissage, les trentenaires roulent beaucoup et logiquement s'exposent à plus d'incidents. Quant à eux, les quadragénaires et quinquagénaires incarnent la conduite la plus maîtrisée. Même les seniors, souvent pointés du doigt, que ce soit en France ou en Europe, restent dans la moyenne. Finalement, est-ce que cette étude ne démontre pas autre chose ? Ne faudrait-il pas se méfier de l'effet loupe et de notre tendance à se lyncher en place publique ? Les Français ne conduisent pas plus mal que les autres et, sans nommer personne, on pourrait dire nettement mieux que certains pays voisins...


