Encore une nouvelle rentrée avec vous et ce rendez-vous mensuel de nos actualités pour une nouvelle saison ! On espère que vos vacances ont été reposantes, apaisantes et pourquoi pas merveilleuses. Si la grisaille nous ramène à al petite routine qu'il faudra retrouver, le monde de l'automobile a continué son chemin brinquebalant où les ornières se succèdent. Le PDG de Mercedes a tout simplement dit que l'automobile en Europe était au bord de l'effondrement. La demande des constructeurs d’alléger les normes n'est pas anodine, surtout quand l'accord avec les US pourraient assouplir les normes pour les constructeurs européens. Vous êtes un défenseur invétéré de la boîte mécanique ? Il se pourrait bien qu'elle disparaisse et plus rapidement qu'on le croit.
Automobile : les constructeurs européens en danger ?
Dans un courrier adressé à Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, l'association des constructeurs européens demandent à renégocier les objectifs de rejets de C02. La grande annonce de la fin de la production des voitures à moteur thermique dès 2035 nous semblait farfelue, mais à l’époque, les constructeurs et les politiques semblaient y croire. Si l'objectif était motivant puisqu’on parle d'une baisse 55 % des émissions carbones en partant des résultats de 2021, sa difficulté a été totalement oubliée à cause des chiffres impressionnants des ventes de véhicules électriques. Depuis 2021, rien ne s'est passé comme prévu argue l'Acea. Plus tôt dans le mois, et sans doute en éclaireur, le président de Mercedes déclarait :
« Nous avons besoin d’un examen de la réalité. Sinon, nous fonçons à toute vitesse contre un mur. Bien sûr, nous devons décarboniser, mais cela doit être fait de manière neutre sur le plan technologique. Nous ne devons pas perdre de vue notre économie.»*
Plus la date butoir approche plus, les constructeurs européens sont effrayés des sanctions à venir, surtout que beaucoup ont lâché du leste sur le tout électrique. Les Allemands ont mangé leur chapeaux, eux qui juraient qu'ils seraient prêts pour 2035 tout en étant compétitif par rapport à la production chinoise. La réunion du 12 septembre explique déjà le coup de pression estival des constructeurs européens conscients de l'enjeu climatique, mais ils aimeraient que l'horizon électrique ne soit plus le seul : les carburants décarbonés ou les moteurs thermiques optimisés doivent aussi être considérés, selon eux. La négociation entre l'UE et les US ne vont certainement pas les rassurer.
Taxe Trump : Si l’Europe cédait sur les homologations des voitures US ?
Après les âpres négociations pour limiter les taxes américaines sur les exportations européennes, des informations commencent à sortir assez discrètement. La taxe de 15 % accepté par l'UE est déjà une belle couleuvre à avaler, mais en réalité, elle pourrait en cacher une autre pour le monde de l'automobile, mais aussi pour l'environnement. On vous parlait des normes que les constructeurs européens voudraient alléger dans la news précédente. Et bien si l'accord est signé, les constructeurs américains pourraient importer leurs véhicules même si ces derniers ne répondant pas aux normes européennes. On pourrait parler de concurrence déloyale, mais en réalité, on parle de véhicules très ciblés qui n'auraient pas forcément un public en Europe : si vous imaginez rouler en ville, et même à la campagne avec un Ford 150 qui est un peu le symbole de l'anti-norme européenne, il faudra trouver des routes adaptées et des endroits pour stationner. Il en va de même pour le monstrueux Cybertruck de Tesla.
Le problème peut se poser sur les normes environnementales :en Europe, les normes WLTP et les objectifs C02 sont calculés sur des tests d’émission plus stricts et des objectifs globaux d'émissions carbone, alors que les États‑Unis utilisent le système MPG/MPGe et la moyenne pondérée de l'agence fédérale CAFE, Corporate Average Fuel Economy..La situation pourrait rapidement devenir ubuesque : les constructeurs européens devront suivre des normes dont les constructeurs américains seraient libérés. Cette législation vise à lever les barrières d'homologation. Par ricochet, les voitures européennes pourront elles aussi conquérir le marché américain notamment avec les citadines électriques. Certains experts pensent même que cela pourrait être une opportunité, car les grosses voitures américaines pourraient être homologuées, mais a priori, elles n'échapperaient pas au bonus/malus sur les marchés nationaux. Par contre, les voitures européennes électriques pourraient conquérir plus facilement les villes américaines du fait de leurs prix avec les nouvelles gammes à 30 000 euros. Finalement, les perdants ne seraient pas forcément les Européens, mais il faudra convaincre les constructeurs et tous les défenseurs environnementaux. Si les discussions vont dans ce sens, il faudra attendre un accord et ses détails pour en savoir plus. La seule certitude, c'est que cela va faire du bruit !
Boîte manuelle : le chant du cygne
En l'espace de 20 ans, la boîte manuelle est passée de basique à iconique. On exagère un peu, mais imaginez qu'en 2001 neuf véhicules sur 10 étaient équipés d'une boîte mécanique en Europe. L'année dernière, c'est 71 % des voitures neuves vendus qui sont équipées en boîte automatique. Pour le haut de gamme, c'est un raz-de-marée : 91 % en boîte auto. Ce qui était propre au marché américain est devenu une norme en Europe et partout dans le monde. Les US en font même une pièce en voit de disparation : 0,8 % des voitures neuves sont équipées en 2024 des boîtes mécaniques. Le pire, c'est que même les amoureux des sportives auront du mal à trouver des boîtes mécaniques. Clairement, on peut parler de l'essor de l'électrique, mais ce serait oublié que tous les constructeurs font le choix de la boîte auto même pour les thermiques. On peut dire que c'est la fin, car la boîte auto a surtout séduit les automobilistes : plus simple à utiliser, le confort à l'usage, etc.
*interview Handelsblatt Août 2025