C'est un dossier que l'on suit avec attention, car les enjeux sont globaux et le marché de l’occasion est intrinsèquement lié à la production de véhicules neufs. Et puis, nous avons conscience que cela vous concerne aussi au premier plan. L'Union européenne a enfin réagi aux nombreuses demandes et déclarations crépusculaires des constructeurs européens. Inquiets de l’interdiction de vendre des véhicules neufs thermiques à partir de 2035, ces derniers ont sensiblement infléchi leur discours après avoir promis le "tout électrique" ! Vous allez constater que ce que nous pressentions dès l’annonce de cette mesure est en train de se confirmer et nous allons voir pourquoi l’UE semble aujourd’hui changer d'orientation.
L'interdiction des moteurs thermiques en 2035
Si l'intention des autorités et du secteur était juste et en accord avec la nécessaire préservation de l'environnement et de la santé des citoyens européens, le choix de la date nous a toujours semblé être sorti du chapeau d'un magicien. 2035 : Dix ans pour transformer l'appareil de production, pour produire et installer les bornes tout en séduisant le consommateur. Les professionnels du monde de l'automobile et de l'industrie auraient dû qualifier cette mesure d'utopie suicidaire. Pourtant, tout le monde a préféré se congratuler, même les constructeurs, notamment nos amis allemands.

La première erreur est celle d'avoir minoré la concurrence : la Chine de Mao n'existe plus et l'usine du monde est aussi devenue un bureau de recherche & développement capable de créer et développer de nouvelles technologies. Le secteur de la mobilité électrique en est la cinglante démonstration. De plus, la Chine est une puissance économique autoritaire capable de dépenser sans compter pour atteindre son objectif : elle est devenue la numéro un mondial des batteries électriques en volume, mais aussi sur les brevets. Les constructeurs allemands qui promettaient le 100 % électrique en 2035 en abandonnant le thermique sont tous revenus sur cette promesse, notamment parce que la Chine et ses constructeurs sont meilleurs plus compétitif au niveau du rapport qualité/prix.
Une conjoncture chaotique
En 2025, l’engagement a été signé alors même que l'appareil de production était encore en transformation. Une usine de production de voitures, c'est 10 ans de développement avant sa mise en route. Ensuite, on peut parler du facteur « pas de chance » : le COVID. L’économie mondiale a été mise à genoux et tout particulièrement le secteur automobile, qui n'a jamais retrouvé sa santé du monde d'avant. La crise économique a été aggravée par la guerre en Ukraine, puis le conflit entre Israël et le Hamas. Les voitures électriques sont passées d'un objet désirable à l'image positive à un objet de luxe dont les bienfaits réels pour l'environnement sont remis en cause...

Rien de grave en réalité, car il faut du temps pour qu'une telle évolution du marché soit adoptée par la majorité des consommateurs...L'ensemble de ces facteurs, - et on ne parle pas de la dépendance aux matières rares, de la technologie embarquée surabondante qui fait exploser les prix, l'obsession des SUV électrique aussi lourd qu'un char Leclerc - a définitivement plombé l'objectif 2035... Il serait trop facile et populiste de mettre tout cela sur le dos de l'UE. Les constructeurs ont assidûment participé à scier la branche sur laquelle ils étaient assis. Et puis, ils se sont réveillés, des mastodontes ont été enfantés comme Stellantis, puis ils ont commencé à jouer les victimes de l'UE quand bien même ont été les acteurs de leur propre perte. L'Institution n'avait pas vraiment bronché jusqu'à la semaine dernière...
L'UE : vers l'assouplissement
Il est difficile de lire l'avenir dans les lignes de la main de l'UE. Est-ce que c'est un volte-face, une pause ou le début de la fin de cette interdiction ? En tout cas, le 16 décembre dernier, l’exécutif européen a proposé de renoncer à l'interdiction totale de la production de voitures neuves à propulsion thermique en 2035. L'UE voudrait permettre aux constructeurs d'utiliser de nouvelles technologies afin de parvenir à 90 % de réduction des émissions à l'échappement. Pour les 10 % restants, ils seront compensés en utilisant un acier made in UE à faible teneur en carbone. On pourrait penser que finalement, c'est un changement de braquet qui va tout de même imposer l'électrique ? Oui et non.

Cette mesure pourrait relancer les investissements dans les carburants de synthèse, l’hydrogène et les autres technologies : l'avantage serait de préserver le parc automobile actuel et donc limiter la production de nouvelles voitures. C’est de plus une façon assez intelligente pour avantager la sidérurgie européenne qui, elle aussi, souffre de la concurrence asiatique. En assouplissant ses exigences, l'UE est en train de comprendre qu'il est temps de protéger son industrie, son avoir-faire et ses emplois dans une guerre économique mondiale avec la Chine et les US de Trump. C'est évidemment une douche froide pour les ONG qui, sans surprise, dénoncent une reculade face aux lobbys et un renoncement écologique de plus.

