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zéro décès sur les routes d'Helsinki

article Sécurité routiére : résultat exemplaire des solutions finnoises

Les villes sont le lieu de rencontre de tout ce qui roule. L’émergence des transports doux et le règne de l'automobile, les transports en commun et les piétons donnent vie à l’expression jungle urbaine. Les accidents sont nombreux, mais la vitesse de plus en plus régulée permet d'avoir une mortalité plus faible que sur les routes de campagne. Elle reste pourtant élevée : l'année dernière, 35 personnes ont perdu la vie sur les routes de la capitale. Les chiffres, un peu anciens, d'une étude de l'Unidec* sont assez éloquents : 68 % des tués le sont sur les routes de campagne, mais 64 % des accidents corporels interviennent dans les villes. La Sécurité routière française va étudier le cas finnois : zéro décès sur la route dans la ville d’Helsinki en 2024. Ce résultat n'est pas complètement dû à la magie des lutins haltijat, mais à une politique exigeante répondant au nom de « Vision Zéro » mise en place en 2021.

« Vision zéro » : de l'utopie à la réalisation 

Il est nécessaire de resituer Helsinki. La capitale de la Finlande et sa périphérie comptent 1,2 million d'habitants. Les oiseaux de mauvais augure diront qu'il est plus simple de parvenir à ce miracle, car le trafic est moins dense qu'à Paris. C'est vrai : l'indice de congestion mesure l'augmentation du temps de trajet en période de pointe par rapport à une circulation fluide. Il est de 113,6 % à Paris contre 87,9 % pour la capitale finlandaise. Le trafic est évidemment dépendant du nombre de voitures sur les routes et donc de la population, mais il ne faut pas oublier les choix politiques. Helsinki a décidé de limiter l’accès aux voitures, la vitesse, tout en faisant une large place aux transports doux. Les autorités finnoises n'ont rien laissé au hasard tout en comptant sur la discipline de son peuple, encouragé par un système de sanction tout aussi implacable que juste. Helsinki n'est pas Paris et on pourrait faire tous les calculs possibles et imaginables pour le démontrer ; pondérer zéro fera toujours zéro. Zéro décès, zéro famille endeuillée, zéro drame... Cela n'a pas de prix, enfin si ce n'est celui du projet « Vision zéro ».

PLan zero mort sur les routes Helsinki :les quatre axes

Vision zéro : les quatre axes

Si Helsinki est parvenu à réaliser un exploit, il faudra attendre encore quelques années pour construire une méthode empirique. Zéro décès sur les routes semblait être un doux rêve, on sait maintenant que c'est possible. Helsinki récolte les fruits de son plan « Vision zéro » tout en ayant conscience que le facteur chance joue aussi son rôle. Il suffit d'une personne pour réduire les efforts de tous les autres à néant. A contrario, il ne faudra pas tomber dans l’excès inverse si l'année prochaine la ville d’Helsinki présente un bilan moins bon. C'est important de le préciser, car la nouvelle a fait grand bruit et comme souvent, la nuance est absente : aujourd'hui, la méthode « zéro vision » est portée en gémonies, mais demain elle est  pourrait être jetée au bûcher d'autant qu'elle est composée de plusieurs axes qui sont loin de faire l'unanimité en France.

Les quatre axes :

  • Généralisation du 30 km/h

Roni Utriaine, ingénieur de la circulation à la Division de l’environnement urbain d’Helsinki, met en exergue la politique drastique de réduction de la vitesse : la limitation à 30 km/h de plus de la moitié des rues de la capitale finlandaise. C'est la partie la plus visible, la plus contraignante et sans doute la plus difficile à faire accepter dans les pays plus au sud. 

PLan Zero vision Helsinki : le réseau urbain réadapté

  • Un réseau repensé et moins accidentogène

Si la vitesse est réduite, c'est aussi grâce à un design pensé pour la réduire naturellement tout en protégeant les usagers dits vulnérables. Les chaussées sont réduites, les carrefours et les intersections sont passés au crible pour réduire leur accidentogénéité. Les pistes cyclables sont séparées des automobilistes. Cela va faire cauchemarder certains citadins, mais cette vision de la ville de demain défendue par certains maires en France, c'est le quotidien des habitants de la capitale finlandaise. Limiter et mieux encadrer l'usage de la voiture est l'ingrédient de cette incroyable réussite. Pour que ces mesures soient acceptées et adoptées, les autorités ont pensé aux alternatives, en amont ! 

Helsinki ; la securité routiere passe par les transports en commun

  • Une offre  transport en commun efficace, sure et fiable

Le taux de satisfaction des usagers des transports en commun est de plus de 90 % selon l'ingénieur. Selon le service urbain de la ville d’Helsinki, en 2024, seulement 21 % des personnes vont au travail en voiture individuelle*. Ce chiffre devient encore plus intéressant si on regarde son évolution : depuis 2017, il ne dépasse pas les 22 % par an. Une question peut se poser : avant de suivre le « Zéro Vision » ne faudrait-il pas proposer aux habitants, un service de transport en commun attractif ? 

Seurité routiere finlande : les amendes  proprotionées au salaire

  • Un système d'amende pondérée 

Cette partie législative n'est pas forcément transposable dans le Droit des autres pays européens. La contravention de base varie entre 140 et 200 euros pour un léger dépassement de la vitesse autorisée. Au-delà, vous payez selon votre niveau de revenu mensuel net. Des amendes dépassant les 100 000 euros ont été récoltées par les plus fortunés. Ce système permet de mobiliser tout le monde et ne laisse pas un sentiment d’injustice sociale se développer comme nous avons pu le connaître en France avec les ZFE.

  • Le civisme finnois

On a beau vouloir éviter les clichés et les images d’Épinal, force est de constater que le civisme dans les pays scandinaves est plus ancré tout comme la pression collective sur l'action individuelle. Un voyage dans l'un de ces pays suffit à le constater. L'idée n'est pas de dire que c'est mieux, mais différent et tout à fait adapté à un plan comme celui-ci. C'est quelque part rassurant puisque cela nous dit qu'un plan technocratique ou qu'un système ne peut fonctionner que si la population adhère. Philosophiquement, on est ici à l’opposé d’une vision où l’État serait responsable de tout, où chaque problème serait systémique, et où l’individu deviendrait une victime expiatoire à ménager. Pour qu'un plan «  zéro mort sur la route » fonctionne, il est nécessaire que chacun ne s'octroie pas le droit d'outrepasser la règle. Cet équilibre entre la responsabilité individuelle et le sens du collectif permet de créer une ambiance respectueuse et cordiale sur la route. 

Au-delà de se réjouir de ce que la plupart d'entre nous pensaient impossible, une question se pose : est-ce que cela est transposable dans les villes françaises ? 

Nos sources :

unidec.fr/la-securite-routiere/
https://inrix.com/scorecard-city/?city=Helsinki&index
https://www.hel.fi/en/decision-making/strategy-and-economy/monitoring-city-strategy-and-city-economy/intelligent-traffic-solutions?utm_source=chatgpt.com

Publié le 24 Octobre 2025