Si le marché de l’occasion se porte aussi bien en France, voire en Europe, ce n'est pas uniquement du fait d'une crise économique larvée ou de la peur du lendemain face à une géopolitique inflammable dans un monde à qui on promet la fin inéluctable de son environnement. Le fait principal et les études le montrent, les gens, vous et moi, sont toujours attachés à l'automobile que ce soit par nécessité ou par plaisir, quand ce n'est pas les deux. Les constructeurs eux même le disent : les coûts de production des voitures ont explosé et les prix à la vente avec. Difficile de dire le contraire puisque les chiffres l'attestent : entre 2020 et 2024, le prix moyen d'un véhicule a augmenté de 24 %. Pourquoi le prix des voitures neuves augmentant autant ? Vous allez constater que les explications divergent et que la réalité est toujours plus complexe que les postures de chacun.
Des voitures plus chères : l'explication des constructeurs
24 % en l'espace de quatre ans, c'est une augmentation impressionnante et surtout indéniable. Pour bien comprendre ce chiffre, il suffit simplement de vous rappeler 2022 et l'inflation en France : elle a été de 5,9 % en moyenne sur l'année et cela a été une année très difficile pour le pouvoir d'achat. 24 %, c'est quasiment 9 000 euros en moyenne. La chute des ventes des voitures neuves a d'abord été expliquée par le fait que les Français étaient frileux. Quand le niveau des augmentations du prix des voitures neuves a commencé à être calculé, que les économistes et les spécialistes du monde de l'automobile ont analysé les chiffres et comparé les tendances ; les constructeurs ont dû admettre que l'augmentation des prix est la principale raison de la chute des ventes. Les constructeurs font partie d'une industrie relativement transparente qui est capable de communiquer les marges qu'elle fait sur ses véhicules : pour les constructeurs de voiture grand public, elles ne sont pas insolentes et très loin du matériel tech ou même de l’industrie de l'habillement et loin des 29 % de Porsche par exemple.
Les constructeurs peuvent ainsi se dédouaner d'une augmentation abusive, plus ou moins déguisée, des prix et accuser les institutions responsables, selon eux, de tous leurs maux. En effet, la charge est clairement politique puisque si une partie de cette augmentation est attribuée à l'augmentation des matières premières, l'autre partie serait la résultante de l’excès de réglementation de Bruxelles notamment sur la protection de l'environnement et la baisse des rejets. Pourtant, on nous vous avions écrits un article sur le fait que les bénéfices des constructeurs explosaient alors que les ventes chutaient. Cela signifie donc qu'en vendant moins, ils gagnent plus. La marge a augmenté sur les véhicules neufs. C'est mathématique. En réalité, c'est en supprimant les véhicules à marge faible de leur offre qu'ils sont parvenus à ce nouvel équilibre. Selon, une étude récente de l'IMT, Institut Mobilité en Transition, ce choix est l'une des causes principales de cette hausse moyenne du prix de vente.
Étude de l'IMT : La responsabilité des constructeurs
L'étude "le vrai du faux sur les causes de l’augmentation des prix des véhicules entre 2020 et 2024" dirigée par Jean-Philippe Hermine (IMT) et Clément Dupont-Roc (C-Ways) met les pieds dans le plat. Le choix d'abandonner les petites citadines comme la Twingo ou carrément une gamme complète à l'instar de Mercedes, qui ne produit plus de voitures moyennes gammes, sans omettre la limitation des modèles à leur version électrique a fait exploser les prix. Les gammes de voiture supprimés pouvaient coûter plus cher à produire et à vendre qu'elles ne rapportaient.
C'était une façon de fidéliser les clients pour les amener à des modèles plus rentables. Aujourd'hui, ces clients-là ne vont pas passer à des gammes supérieures par faute de moyens et préfèrent chercher leur bonheur sur le marché de l’occasion. Les conclusions de l'étude du MIT sont sans équivoque ; la réglementation n'est pas responsable de cette augmentation de 24 % du prix moyen des voitures. La problématique pour les constructeurs, c'est que cette stratégie n'est pas viable sur le long terme : les automobilistes ont besoin de petites voitures pas chères pour le quotidien. Les villes évoluent doucement, mais sûrement pour exclure les SUV sans parler des malus écologiques. Le choix de certains constructeurs de proposer des petites citadines électriques avec des autonomies limitées va dans ce sens. Cela a fait augmenter les prix tout en détruisant des emplois partout en Europe.
La conclusion de ce rapport est intéressante d'un point de vue de la communication des constructeurs européens : l'augmentation du prix des véhicules entre 2020 et 2024 n'est pas due aux normes de l'Europe sur la sécurité ou l'environnement, mais bel et bien à leurs choix sur le court terme...