Si vous parcourez les sites spécialisés, vous avez sans doute pu découvrir ce drôle de terme « Kei cars » et parfois même« keijidōsha ». Rassurez-vous, ce n'est pas le nom d'un groupe de K-pop ! Les kei cars sont un type de voitures nées au Japon à la fin des années 40, en 1949 pour être exact. Ces petites voitures cubiques rappellent les e-car sans permis, les nouvelles stars des parkings de collèges et lycées. Le principe est le même : ces voitures sont plus petites que les citadines européennes, mais ce sont d'authentiques voitures exigeant le permis de conduire. Elles n'ont jamais percé en Europe, mais la donne pourrait bientôt changer pour peut-être nous offrir un nouveau phénomène dans nos villes. Tout d'abord, commençons par vous raconter l'histoire des Kei cars.
Kei cars : Il était une fois au Japon
Nous sommes en 1949. Le Japon a perdu la Seconde Guerre mondiale et vit sous la tutelle américaine. Le pays est en pleine reconstruction et cherche à relancer son industrie. Le peuple japonais est loin d'avoir les moyens de s'offrir une belle Américaine. Le gouvernement décide de créer une toute nouvelle classification de voiture : les Kei cars. L'objectif est de proposer un véhicule made in Japan accessible au peuple afin de créer une demande interne pour relancer l'économie. La production créée de l'emploi, donc du pouvoir d'achat si la production est locale tout comme le consommateur final.
Ce nouveau type de voiture doit répondre à des normes minimalistes pour limiter son coût de fabrication et s'adapter à un pays où les infrastructures routières sont en reconstruction et les villes parsemées de petites ruelles. Le carburant est encore cher et les ressources limitées. La Kei car doit donc être petite pour utiliser un minium de matière première, offrir une consommation limitée et être disponible à un prix accessible. Une idée brillante, qui rappelle un peu le fordisme et la Ford T, mais adaptée au Japon d’après-guerre. Le pari est réussi : les Kei cars sont devenues un symbole du pays du Soleil Levant. En 2024, elles représentent 38 % du marché, avec 1,5 million d’unités vendues la même année.
Les caractéristiques des Kei Cars (depuis 1990)
Au Japon, ces voitures répondent à des normes précises afin de profiter d'avantages fiscaux attractifs.
Dimensions maximales :
- Longueur : inférieur à 3,40 m
- Largeur : inférieur à 1,48 m
- Hauteur : inférieur à 2 m
- Cylindrée moteur : inférieur 660 cm³
- Puissance maximale : 64 chevaux
- Poids : très léger, conçu pour économie de carburant et facilité de circulation
Les avantages fiscaux dédiés à cette catégorie de voiture font également la différence :
- Taxe annuelle limitée
- Assurance réduite
- Stationnement facilité et moins élevé dans certaines zones
Vous trouverez encore peu de Kei cars 100 % électrique comme la Nissan Sakura, mais plutôt des hybrides car la batterie est moins lourde et imposante. L'accessibilité du prix et la facilité de circulation dans la jungle urbaine et les petites ruelles du Japon en font toujours un modèle prisé. Les Kei cars permettraient d'aller encore plus loin dans le minimalisme tout en offrant une solution aux enjeux des villes européennes tant en matière d'engorgement que de pollution. Alors, ces ravissantes petites voitures carrées vont-elles bientôt envahir l’Europe ?
Kei cars : Constructeurs et UE d'accord ?
Tout commence par des louanges venues de deux poids lourds de l'automobile européenne : le boss de Renault et celui de Stellantis dévoilent aux grands jours leurs passions pour les petits cubes à quatre roues. Selon des études qu'ils ont commandées, ces petits véhicules pourraient bien prendre la place laissée vacante par nombre de constructeurs : le segment A. Faute de rentabilité les petites citadines, comme la Twingo, la Panda, ou encore l'Aygo ne sont pas remplacées ou sont en fin de vie sur un marché moribond. Les constructeurs se disent qu'en important les Kei cars, le segment A redeviendrait attractif pour eux, mais risquerait bien de séduire les institutions tout en apportant une solution de déplacement accessible à leurs clients. L'idée serait évidemment de le décliner en mode électrique tout en créant des normes spécifiques et limitées sur ce secteur. On saisit rapidement que pour les défenseurs de la Kei Cars européenne, la fiscalité et les avantages pour les consommateurs font totalement partie du concept... La balle est donc dans le camp de l'Union européenne qui verrait, selon des indiscrétions, d'un bon œil cette proposition. Une affaire à suivre...