Depuis quelques années, vous avez suivi avec nous l'histoire de Takata et de ses airbags défectueux. Il a fallu de nombreuses années pour que cette problématique face la une des grands journaux. Les rappels se succèdent et on peut espérer que la défaillance de ces airbags ne soit plus qu'un mauvais souvenir dans l'année à venir. Le monde de l'automobile pensait être à l'abri d'une nouvelle défaillance industrielle quand un petit chuchotement dans les médias s'est fait entendre un peu avant l'été : un accident mortel aurait été causé par une voiture ayant freinée brutalement et cela sans l'intervention de la conductrice. Le petit chuchotement est devenu fracas quand d'autres personnes sont venues témoigner. Le Ministère des transports a annoncé une enquête sur ces freinages dits fantômes. Après les airbags, Takata, le monde de l'automobile n'est pas loin d'une nouvelle psychose qui fait froid dans le dos : des freinages intempestifs aléatoires qui toucheraient toutes les marques. On vous explique tout cela, mais commençons par comprendre cette technologie embarquée qui permet de freiner à la place du conducteur en cas de danger.
Le freinage automatique d'urgence : une technologie à maîtriser
Avant de vous parler du freinage fantôme, revenons à la technologie embarquée : le FAU ou freinage automatique d'urgence. Le concept est simple : éviter les accidents et le cas échéant en limiter les conséquences. Le FAU est un système de détection qui assiste le conducteur en freinant à sa place. Il faut donc prendre conscience que le FAU freine fort, car il se déclenche instantanément lorsqu'il a détecté un danger immédiat. Il ne faut pas le confondre avec l'aide au freinage qui vient accompagner et optimiser le freinage décidé par le conducteur.
Un piéton sur la route, une voiture qui fait un écart, une ligne blanche traversée, etc. La voiture est bardée de capteurs qui analysent en temps réel la route que cela soit la vitesse ou la distance de tout ce que vous croisez. Si le système anticipe un choc, il va freiner de lui-même, et cela, en quelques secondes. L'effet est pour le moins surprenant et anxiogène, car le conducteur ne s'y attend pas. Parfois, le système se trompe : il peut freiner sans qu'un véritable danger ne soit présent. Jusqu’à présent, ces freinages intempestifs n’entraînaient pas l’arrêt complet du véhicule et les automobilistes parlaient plutôt d'un désagrément dû à la surprise. Depuis quelques mois, on parle de freinage fantôme : la voiture freinerait violemment et brusquement sur des voies à grandes vitesses quand ce n'est pas sur l'autoroute sans qu'il n'y ait le moindre danger. Le système de FAU devenait de fait accidentogène.
Freinage fantôme : une enquête difficile et d’utilité publique
Le 15 août, le ministère des transports annonce officiellement une enquête sur ce qui est désormais appelé les « freinages fantômes ». Tout commence par un appel au témoignage d'une conductrice victime d'un accident grave, heureusement sans blessure, ni victime, mais avec une voiture sur le toit après un freinage à 110 km/h sur l'A440. Elle se retrouve face à un mur : personne ne veut la croire. A la grande surprise de l'automobiliste, des centaines de personnes la contactent pour lui faire part d'une expérience similaire. L'objectif est simple : déterminer la cause et surtout savoir si cette défaillance est globale ou simplement anarchique. Pour cela, le Service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs va mener des essais en condition réelle pour tester les systèmes de FAU.
Freinage fantôme : un problème d'entretien ?
C'est une piste qui pour l'instant est loin d'être officielle. Les capteurs pourraient ne pas être assez bien entretenus ou mal calibrés. Pour résumé, le système de détection situé dans le pare-brise ne serait plus optimal du fait d'un pare-brise mal nettoyé, remplacé et mal installé. L'utilisation quotidienne entraîne des vibrations qui sur le long terme pourraient amoindrir l’efficacité des capteurs ou décalibrer le système. A l'heure actuelle, l’hypothèse d'une défaillance technique n'est absolument pas écartée tout comme l'erreur humaine.
Faut-il s’inquiéter des freinages fantômes ?
C'est une question difficile quand une personne est potentiellement décédée en raison d'un freinage fantôme. L'enquête doit confirmer cette thèse. Les automobilistes ont en général tous été surpris par ces technologiques parce que le concessionnaire a beau vous prévenir qu'elle est disponible et fonctionnelle sur le modèle, nous n'avons pas encore l'habitude de conduire une automobile qui va prendre elle-même des décisions : ce sont les prémices de la voiture autonome. Les accidents et les témoignages ont été assez nombreux pour engendrer une enquête officielle. Néanmoins, il faut pondérer le nombre de témoignages, quelques centaines, par rapport au nombre de voitures équipé de ces aides à la conduite. Cette problématique est préoccupante, mais pour l'instant, les autorités semblent s'être emparées de la question rapidement. Il faut donc attendre les résultats de l’enquête en espérant que les constructeurs soient totalement transparents. A suivre....